Jour du dépassement, c’est quoi?
Il existe plusieurs façons d’exprimer comment notre civilisation a utilisé le maximum possible des ressources naturelles disponibles sur notre planète. Une des façons souvent évoquées par les médias est le fameux « Jour du Dépassement ».
L’humanité consomme des ressources naturelles pour se développer. Le calcul annuel de consommation de ces ressources par l’humanité est l’empreinte écologique. Les écosystèmes de la planète ont cependant besoin de temps pour renouveler ces ressources sur une année. C’est la biocapacité planétaire.
Cette régénération ne se fait pas du jour au lendemain! Imaginez cela comme un budget annuel : vous possédez 1000$ sur une année pour le fonctionnement de votre organisation. Plutôt que d’arriver près de 0 au 31 décembre, vous arrivez à 0 en août! Cela signifie que vous devez emprunter sur les budgets des prochaines années pour terminer l’année… Et vous vous endettez. Nous épuisons ainsi les écosystèmes planétaires plus rapidement que leur renouvellement. Décidément, les fonds naturels planétaires sont mal gérés!

Annuellement, nous dépassons donc collectivement la biocapacité planétaire. Année après année, ce Jour du Dépassement des ressources arrive généralement de plus en plus tôt. En 2024, le Jour du Dépassement mondial était le 1er août. Nous saurons le 1er juin 2025, à la Journée mondiale de l’environnement, qu’elle sera la date du dépassement mondial pour 2025.
Nous calculons aussi ce dépassement par pays. Au Canada, le Jour du Dépassement national en 2024 était le 15 mars. En cette année 2025, c’était le 26 mars. À prime abord, nous serions tentés de nous « réjouir » que ce soit une dizaine de jours plus tard que l’année dernière. Mais ce n’est pas une réelle amélioration, en sachant que certains pays comme l’Uruguay et l’Indonésie sont respectivement le 17 décembre et le 18 novembre 2025! Cela explique également pourquoi le Jour du Dépassement du Canada arrive beaucoup plus vite que le Jour mondial.
Puisque ce « jour mondial » est une moyenne de tous les pays participants, les endroits comme l’Uruguay, moins surconsommateurs que le Canada, retardent l’arrivée au jour fatidique. Il convient de souligner « participants », car il y a une cinquantaine de pays d’Afrique et d’Asie ne dépassant jamais les limites annuelles. Une excellente leçon d’humilité pour notre pays gourmand.
Le Jour du Dépassement est un signal d’alarme populaire et facile de compréhension, puisqu’il est à « échelle humaine », donc sur une année. Ce système de calcul s’intègre à merveille dans la réalité quotidienne et immédiate des gens.
Les 9 frontières planétaires : des limites qui nous dépassent individuellement

Un autre système de mesure du dépassement des limites de notre planète est celui des 9 frontières planétaires. C’est un système fonctionnant d’une façon beaucoup plus globale et complexe que le Jour du Dépassement annuel. Les limites planétaires sont des seuils critiques à idéalement ne pas atteindre dans plusieurs domaines environnementaux. Si nous les dépassons, ce sera le point de basculement : les écosystèmes planétaires risquent d’être gravement perturbés de manière irréversible…
Voici ces 9 frontières (ou limites) :
1 : Utilisation et cycle de l’eau douce
2 : Les changements climatiques
3 : L’érosion de la biodiversité
4 : Les perturbations des cycles géochimiques
5 : Le changement d’usage des sols
6 : L’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère
7 : L’augmentation des aérosols dans l’atmosphère
8 : L’appauvrissement de l’ozone stratosphérique
9 : L’acidification des océans
Les six premières limites déjà atteintes ou à risque croissant de l’être…
En excluant les trois premières frontières, il est question de sphères des sciences de l’environnement beaucoup moins médiatisées. De plus, ce sont des frontières globalement interreliées entre elles. Cela signifie qu’une frontière a des conséquences sur une autre, créant ainsi d’autres enchainements… Oui, c’est complexe, comme la nature!
Cette façon de calculer nos limites est donc plus difficile d’accès pour le citoyen non spécialisé en environnement. Ces dynamiques ne sont pas à échelle humaine. Ce qui n’enlève pas la pertinence de ce système, au contraire!
Notre civilisation a besoin d’un système de mesures scientifiques à grande échelle et spécialisé dans plusieurs domaines environnementaux. À défis complexes, solutions complexes! Pour régler des problèmes, il faut d’abord comprendre pourquoi et comment ils existent. D’ailleurs, les 9 frontières planétaires servent aux prises de décisions environnementales par les Nations Unies et la Commission Européenne.
Ce n’est donc qu’en se mettant à l’échelle des écosystèmes planétaires que nous pourrons comprendre scientifiquement les tenants et aboutissants des problèmes écologiques. Ainsi, nous saurons agir adéquatement pour régler ces enjeux, avant qu’il ne soit trop tard.
Pour aller plus loin à propos des 9 limites planétaires : https://nosgestesclimat.fr/blog/environnement/neuf-limites-planetaires-empreintes
Aude Gauvin
Bénévole pour l’Éco de la Pointe-aux-Prairies