Si je vous disais que je peux me procurer absolument tout ce qu’il me faut pour la maison, en dehors des médicaments sur ordonnance ou en vente libre, sans dépenser et sans aller dans un magasin, me croiriez-vous?
C’est ce que le mouvement international Buy Nothing (qui veut dire: ne rien acheter) tente de faire vivre à plein de communautés.
À l’approche de la période des Fêtes, moment où nous consommons beaucoup de biens matériels, j’ai pensé vous faire découvrir un mouvement qui prône la déconsommation.
Pour trouver une laveuse, des décorations, un fauteuil, des vêtements, des outils, des plantes, de la nourriture, un voisin de quartier pour vous aider à réparer votre ordinateur…les possibilités sont presque infinies!
Mais comment ça marche?
Je vous communique mon expérience et ma découverte de cet univers.
J’ai appris l’existence de Buy Nothing en discutant avec une amie qui demeure à Gatineau, en Outaouais. Je l’entendais me dire « J’ai mis telle chose sur Buy Nothing. Je suis allée chercher telle chose chez quelqu’un du groupe Buy Nothing. » J’ai fini par lui demander « Mais qu’est-ce que c’est que ce truc? » Elle m’a alors expliqué que c’est une plateforme en ligne via des groupes Facebook d’échange d’objets qui fonctionne par le don. Au lieu de vendre son objet ou de le mettre dans un centre de don, on peut l’offrir au suivant. De la même manière, si on cherche une paire de souliers, on peut la trouver dans les offres des autres.
On demande aux personnes qui font un don d’attendre au moins 12 heures pour choisir la personne à qui ils veulent faire leur don pour laisser la chance. Les personnes qui souhaitent recevoir le don vont généralement commenter l’annonce en mentionnant la raison pour laquelle ils souhaitent recevoir. Choisir à qui l’on fait notre don est très intéressant.

J’ai plusieurs autres amis et connaissances qui demeurent dans cette région, et ils ne se connaissent pas tous. J’ai constaté par contre que tous utilisaient cette plateforme d’échange. Je m’en suis rendu compte quand j’ai vu leur bac de don à l’extérieur. Quand ils ont un don à faire et que la personne est choisie, ils mettent l’article dans le bac au moment identifié avec la personne qui profite du don. Ainsi, même pas besoin de prendre un rendez-vous et d’être présent lors du don.
- Une personne seule.
- Une famille de 6 avec 2 adultes et 4 adolescents
- Une famille de 3 avec 2 adultes et un enfant d’âge primaire
- Un couple
- Des colocataires
- Une retraitée
Buy Nothing répond aux besoins de chacun d’eux.
Quelques règles de base, très bien expliquées sur le site web dont le lien est indiqué plus bas, sont à respecter. Par exemple, il ne doit pas y avoir d’échange d’argent. Tous les biens et services doivent être des dons.
Ensuite, les dons doivent demeurer les plus locaux possibles. Quand un groupe devient trop grand, il faut le subdiviser en plus petites zones. « Lorsqu’il y a un trop gros volume d’annonces, il semble que la magie se perde. Le but reste quand même de partager avec nos voisins et de créer un sentiment de communauté. » (M.H.L, 48 ans, vit en couple avec 4 adolescents) Quelque chose qui nous manque un peu de nos jours?
Depuis quelques années, ils ont développé une application que l’on peut télécharger sur iPhone et sur Android. Toutefois, pour débloquer les pleines fonctionnalités de l’application, il faut soutenir la mission de Buy Nothing. Vous pouvez quand même voir les offres de don et faire des offres sans abonnement. Je tenais simplement à le spécifier pour ne pas faire de mauvaises surprises.
Je pense que nous sommes les plus gagnants en utilisant la plateforme de mobilisation qui rejoint vraiment les gens. L’important est vraiment de réussir à échanger et créer du lien social.
Je leur ai posé des questions sur leur expérience respective.

Depuis combien de temps échangez-vous des articles sur Buy Nothing?
Les personnes que j’ai interrogées échangent des articles depuis 2 à 5 ans.
Combien estimez-vous que cela vous fait économiser en temps et en argent de participer au mouvement?
De ce côté, les personnes interrogées avaient diverses opinions:
« Ouille, c’est dur à dire! En temps, honnêtement, pas tant que ça. Malheureusement, maintenant que tout peut être acheté en ligne, se déplacer pour aller chercher un don peut être plus long, surtout quand on n’a pas de voiture (c’est un groupe de quartier, mais un quartier, c’est gros!). » (M.P., 35 ans, vit en couple)
« Je donne plus que je reçois. Je ne crois pas économiser de temps, car la gestion des articles à donner demande plus de temps que de simplement les apporter à un point de dépôt. » (M.H., 60 ans)
« En temps, juste de magasinage, un bon 4 heures par mois, plus les recherches plus rapides aussi, je dirais que je sauve 10 heures par mois de temps et plus de 50% de moins argent par item. J’ai déjà eu un item qui m’aurait coûté 350$ en temps normal. Il est en très bon état. » (S. S., 35 ans, vit en couple avec un enfant d’âge primaire)
« Je ne sauve pas tant de temps dans la gestion des dons et des annonces, mais c’est très intéressant pour les choses qu’on se sent mal d’acheter neuves. Tu sais les affaires qu’on se dit « ah non, il doit bien y avoir quelqu’un qui pourrait me le prêter ou me le donner. » » (M.H.L, 48 ans, vit en couple avec 4 adolescents)

Selon vous, quels sont les bons et moins bons côtés de participer au mouvement Buy Nothing
De manière unanime, les personnes interrogées m’ont mentionné que ce qu’elles apprécient le plus est l’assurance que l’objet servira. Par exemple : « deuxième vie assurée des objets proposés, esprit de communauté, sentiment positif lié au fait de donner au suivant, économies assurées, notions d’environnement et efforts pour contrer le capitalisme. » (M.H., 60 ans)
Pour illustrer la chose, si je mets à donner un coussin de table à langer avec des draps pour aller dessus, la personne à qui je l’offrirai en aura besoin maintenant et je sais qu’il servira. « J’ai déjà donné dans un magasin usagé des articles de bébé et un an plus tard, ils s’y trouvaient encore, je ne sentais pas que mon don avait servi. » (M.H.L, 48 ans, vit en couple avec 4 adolescents)
« D’abord et avant tout, c’est l’aspect environnemental et communautaire qui est le plus important, à mes yeux. Autrement, il y a les trouvailles qu’on fait et qu’on fait faire, le fait de savoir qu’on offre des trucs à nos voisins et qu’on puisse choisir à qui on désire les offrir, la mentalité partagée de ne pas chercher à donner pour recevoir (ni troc ni vente). » (M.P., 35 ans, vit en couple)
Bien sûr, il y a de moins bons côtés… Je ne veux pas vous les cacher!
« Les moins bons côtés ce sont les désistements, quand les gens disent vouloir quelque chose et qu’ils ne viennent pas et les gens qui fraudent en allant vendre les items donnés sur Buy nothing. » (S. S., 35 ans, vit en couple avec un enfant d’âge primaire)
« L’investissement de temps, difficultés avec certaines personnes à procéder à la prise en charge de l’article offert. » (M.H., 60 ans)
« Ça demande quand même de la gestion et de l’organisation, autant pour donner que pour recevoir. Et quand on donne, il arrive que la personne à qui on a offert tarde à venir chercher son don. Pour ne pas être cette personne, dans une ville où le transport en commun est très mauvais et peu fiable, ça peut être compliqué d’aller chercher un don rapidement. » (M.P., 35 ans, vit en couple)
Pour conclure, je me permets de vous partager cette douce réflexion que m’a inspiré ma recherche. Je vous dirais que c’est l’occasion rêvée de reconnecter avec nos voisins. De nous accorder le droit de demander de l’aide et d’accepter que ce n’est pas vrai que c’est une source de fierté de tout réussir tout seul dans son coin. L’individualisme nous a poussés à croire que c’est important de réussir tout par soi-même. Je vous dirais que depuis plusieurs années, une phrase qui me motive est :
« Seul on avance vite, ensemble on va plus loin. »
Je la mets entre guillemets, car je ne me souviens plus d’où elle vient. Je vous la donne en espérant qu’elle vous inspire autant que moi.

Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aller visiter leur site Internet : https://buynothingproject.org/
Vous aimeriez lancer un projet Buy Nothing à Pointe-aux-Trembles ou à Rivière-des-Prairies? Contactez-moi! Notre agente de mobilisation pourra vous soutenir dans vos démarches via notre comité citoyen.
Isabelle Perrier, Coordonnatrice en transition écologique
Éco de la Pointe-aux-Prairies
514-648-9177 poste 222
Remerciements : Merci à Marie-Hélène, Mylène, Martine et Sophie qui ont bien voulu répondre à mes questions sur le mouvement Buy Nothing en Outaouais et alimenter mes réflexions.