Chocolat, tisons et bains de boue

Le b.a.-ba du camping vert

Dans ce monde tout de béton et d’Internet haute vitesse, le camping permet à plusieurs Québécois de reprendre contact avec celle qui a connu les balbutiements de l’espèce humaine : la forêt.
Or, en renouant avec ses racines, il faut veiller à ne pas les endommager, d’où l’importance de pratiquer un camping écoresponsable.

 

Des souris et des hommes

Ratons laveurs, chevreuils, tamias rayés, ours : si vous avez déjà passé un tant soit peu de temps en forêt, vous avez certainement rencontré l’une de ces bêtes – peut-être même s’est-elle servie dans vos provisions de pain et de Nutella alors que vous dormiez.

Cela dit, cette gourmandise animalière porte préjudice tant aux campeur.se.s – qui ne pourront manger leurs toasts au chocolat pour déjeuner – qu’aux animaux, qui peuvent ingérer de la nourriture néfaste pour leur santé (je doute que vos Lucky Charms soient très bons pour les écureuils[1]). De plus, les bêtes sauvages habituées à être nourries par les humains – directement ou pas – peuvent devenir envahissantes et malheureusement devoir être abattues.

 

Dans les parcs nationaux du Canada, il est interdit de nourrir les animaux sauvages
Source : https://parcmichelchartrand.ca/ne-faut-nourrir-animaux-sauvages/

Ainsi, gardez un oeil sur vos effets et prenez en tout temps soin de ranger vos aliments, ordures, produits de soins corporels parfumés, ustensiles de cuisine et plats dans des boîtes que les animaux ne pourront ouvrir (telles que des glacières), dans des sacs suspendus à une branche ou à une corde à linge ou dans votre voiture. De plus, lorsque vous dormez ou quittez votre aire de camping, jetez toutes vos matières résiduelles dans les bacs prévus à cet effet et assurez-vous que rien ne reste sur votre terrain.

Le principe de ne laisser aucune trace derrière soi en camping n’est pas uniquement une question de protection faunique, mais également de respect fondamental pour le milieu naturel dans lequel nous évoluons.

Évitons donc de transformer nos parcs nationaux en dépotoirs! Les campeur.se.s du futur et les animaux nous en remercieront.

Le feu vert

Un feu incandescent dans la nuit, la fumée qui s’élève vers les étoiles, l’odeur douceâtre des guimauves… Les feux de camp incarnent depuis toujours un symbole universel d’espoir et de rassemblement. Cela dit, ces feux, en apparence inoffensifs, peuvent vite se transformer en incendies[1] si aucune précaution n’est prise – d’autant plus que les changements climatiques réunissent désormais les conditions propices à de tels débordements.

            Ainsi, entre 2016 et 2020, 79% de la superficie affectée par les feux de forêt a été ravagée précisément par des activités récréatives comme le camping[2]. C’est pourquoi il est important de suivre les conseils prodigués par la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), tels qu’illustrés dans l’image ci-dessous.

Assurez-vous également que la surface sur laquelle vous allumez votre feu est « un endroit dégagé sur un sol minéral ne contenant aucune matière combustible (feuilles, herbe ou autre) »[1].

De plus, si vous fumez, veuillez ne pas allumer votre cigarette en forêt ou à proximité de celle-ci (c’est d’ailleurs illégal) : attendez plutôt de trouver une aire dégagée, où vous pourrez fumer en toute tranquillité; ensuite, mouillez ou écrasez votre mégot et jetez-le à la poubelle. Pensez-y bien : pas moins de quatre-vingts incendies par année au Québec sont causés par des articles de fumeurs!

Les conseils de la SOPFEU
Source : https://sopfeu.qc.ca/prevention/en-foret/

Malheureusement, la fumée dégagée par nos feux bien-aimés affecte elle aussi notre environnement. Une étude menée en 2010 par le chercheur M. Mochon et ses collègues a révélé que la quantité de particules dans l’air du parc national de la Yamaska équivalait à quatre fois celle dans le centre-ville de Montréal durant une même soirée d’été. Cette combustion nocturne qui nous est si chère libère donc considérablement de polluants, nuisant à la qualité de l’air dans les aires de camping.

            L’utilisation de bûches écologiques, qui sont constituées de bois densifié et génèrent moins de fumée et de particules fines et davantage de chaleur, aide à diminuer son empreinte écologique en camping.

Un exemple de bûches écologiques
Source : https://www.bmr.ca/fr/industries-pwi-buches-ecologiques-068-6110.html

Enfin, il est recommandé de ne pas déplacer son bois de chauffage d’une région à une autre, afin d’éviter de transporter des insectes nuisibles.

Certes, vous pouvez mettre le feu aux poudres… mais pas à la forêt!

Comment ne pas puer en camping

Vous avez votre savon à vaisselle, votre crème solaire, et même votre bouteille de propane pour allumer des feux sans fumée (d’ailleurs un bon substitut écologique au feu de camp traditionnel). Pourtant, lorsque vient le temps de nettoyer votre gamelle après votre premier souper en camping, vous hésitez : où jeter l’eau sale? Votre savon à vaisselle nuira-t-il à la faune et à la flore? et comment vous laverez-vous les cheveux et les aisselles après votre traditionnel bain de boue, demain?

Du calme : se tenir présentable – voire éblouissant de beauté –, tout en restant conscient de son environnement, est désormais d’une extrême simplicité!

D’abord, il est bien connu que la crème solaire contient des composés nocifs pour les corauxs, en particulier l’oxybenzone et l’octinoxate – tous deux des filtres solaires présents dans la plupart des crèmes chimiques. (En bref, les filtres chimiques assimilent les rayons du soleil, tandis que les filtres minéraux les réfléchissent.) Ainsi, lorsque nous nous baignons, ces composés peuvent s’introduire dans l’eau, compromettant la survie des récifs coralliens, dont les couleurs se retrouvent en conséquence ternies.

Et sachez que les ingrédients néfastes contenus dans votre crème solaire peuvent rejoindre la mer même si vous ne vous y baignez pas directement, notamment si vous vous douchez : tous les chemins mènent à Rome, et les filtres chimiques parviendront probablement à l’océan un jour ou l’autre!

Heureusement, le problème se contourne facilement, car il existe de nombreuses marques de crèmes solaires minérales qui n’utilisent ni oxybenzone ni octinoxate[1] et qui se vendront certainement dans votre pharmacie préférée.

Des photos avant et après le « blanchissement » des coraux, qui est une conséquence directe du réchauffement climatique et de l’infiltration de produits chimiques dans l’eau tels que ceux que l’on trouve dans les crèmes solaires chimiques.  Source : https://www.nationalgeographic.com/science/article/coral-bleaching-reefs-climate-change-el-nino-environment

Quant aux savons, qu’ils servent à la vaisselle ou à l’hygiène personnelle, ils doivent être biodégradables et dénués de phosphates, afin de préserver les cours d’eau environnants. En effet, certains ingrédients peuvent perturber le délicat équilibre des écosystèmes (par exemple, dans le cas des phosphates, en contribuant à la prolifération des algues).

En outre, ne vous lavez pas dans les cours d’eau et versez votre eau de vaisselle dans des trous pratiqués dans la terre. De cette manière, vos savons biodégradables utiliseront les micro-organismes présents dans le sol pour, justement, se dégrader. De tels produits se trouvent eux aussi en pharmacie, et vous pouvez également en acheter à l’Éco-boutique de l’Éco de la Pointe-aux-Prairies, située au 9140 boulevard Perras.

 

Les bonbonnes de propane vides, en ce qui les concerne, doivent être rapportées à l’écocentre, car elles appartiennent à la catégorie des résidus domestiques dangereux – c’est-à-dire, tout ce qui se trouve dans une maison et peut être explosif (comme les bouteilles de propane), corrosif, inflammable ou toxique. Ces bonbonnes ne se jettent donc ni au recyclage ni à la poubelle.

 
Vous voilà donc prêt à braver les coups de soleil et les feux de camp de manière écoresponsable. Bon été!

Noah Boisjoli-Jebali

Patrouilleur vert 2021

Sources :

 

Animaux et gestion de résidus

 

Feux de camp

 

Produits d’hygiène personnelle et propane

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